« Les baleines vont-elles bientôt arriver? Les baleines sont-elles toujours là ? Jusqu’à quand ? ». Chaque printemps et chaque automne, c’est avec des yeux pétillants que lecteurs et visiteurs nous posent ces questions. Après tout, pour plusieurs touristes en quête d’aventure et de magie, l’observation de ces animaux titanesques constitue l’une des plus merveilleuses attractions du Québec. Bien connaître les tendances migratoires des cétacés est non seulement utile aux amateurs de baleines pour planifier leurs vacances, mais aussi essentiel aux efforts de conservation! Petit survol des périodes migratoires des baleines dans l’estuaire et le golfe du Saint-Laurent.
Les plus grands des grands voyageurs
Le rorqual commun et le rorqual à bosse sont des cétacés aux nombreuses différences, mais leur période de résidence dans la région du Saint-Laurent est très similaire. Les deux espèces commencent à arriver dans le golfe du Saint-Laurent entre la fin du mois de mars et le début du mois de juin et plient bagage à la fin du mois d’octobre. On observe un léger décalage entre les deux espèces: de manière générale, le rorqual à bosse arrive et repart deux semaines avant le rorqual commun. Cependant, il n’est pas inhabituel d’observer des représentants de ces deux espèces pendant le mois de novembre dans l’estuaire. Certains rorquals communs peuvent même rester jusqu’en décembre, voire en janvier, dans les eaux glaciales du golfe.
Chez le rorqual à bosse, on observe que les mâles partent généralement avant les femelles. Celles-ci auraient besoin d’accumuler plus d’énergie avant de partir vers leurs aires de reproduction dans les Caraïbes. Non seulement elles sont plus grosses que les mâles, mais donner naissance à un baleineau est très énergivore !
En ce qui concerne le plus grand animal du monde, le rorqual bleu, il est possible d’en trouver dans le golfe — et, occasionnellement, dans l’estuaire — d’avril à novembre. Cependant, la plupart des observations de cette baleine ont lieu entre le mois d’août et le mois d’octobre.
Les dernières à quitter le golfe pour l’hiver seraient les baleines noires de l’Atlantique Nord. Celles-ci nagent dans le golfe du Saint-Laurent du mois de juin jusqu’à janvier, période pendant laquelle elles peuvent faire de brèves excursions dans l’estuaire. Il est aussi possible que certains individus arrivent dans le Saint-Laurent dès le mois d’avril.
Dans le sillon des «petits» cétacés
Les grandes baleines ne sont pas les seuls cétacés du Saint-Laurent à migrer de manière saisonnière. Chaque année, le petit rorqual arrive dans l’estuaire vers la fin du mois de mars ou au début d’avril. Il demeurera ensuite dans le golfe et dans l’estuaire jusqu’à la mi-octobre, moment où il amorce sa migration. La plupart des individus sont habituellement partis avant le mois de janvier.
Le globicéphale noir, qui se tient presque exclusivement dans le golfe, arrive habituellement de ses aires hivernales en juillet et reste jusqu’en septembre. Par contre, il est possible que certains groupes arrivent plus tôt, au cours du mois de mai. Depuis quelques années, la majorité des observations de globicéphales ont lieu en juillet et en août.
Le marsouin commun, quant à lui, pointe le bout de son museau dans le golfe à la fin du mois de juin, pour ensuite repartir en octobre. De leur côté, les deux espèces de dauphins qui fréquentent le Saint-Laurent, soit le dauphin à flancs blancs et le dauphin à nez blanc, n’effectuent pas de migration à grande échelle comme les rorquals. Ces cétacés bondissants vont tout de même s’éloigner du golfe du Saint-Laurent en direction de l’Atlantique, à l’approche de la glaciation hivernale, pour n’y revenir qu’en juillet.
Résidents à l'année et visiteurs occasionnels
Contrairement aux autres espèces de baleines, le béluga demeure dans le Saint-Laurent toute l’année. Il effectue tout de même un déplacement migratoire entre différentes régions. Lorsque l’automne arrive, aux alentours du mois de novembre, les bélugas descendent vers le golfe où la majorité d’entre eux passera l’hiver. Le retour dans l’estuaire commence normalement entre le mois de mars et le mois d’avril. Cependant, certains individus peuvent être observés dans l’estuaire pendant l’hiver.
Pour la plupart des cétacés du Saint-Laurent, les périodes de migration sont bien connues. Il est par contre beaucoup plus difficile de prévoir les déplacements de nos visiteurs occasionnels : le cachalot macrocéphale, la baleine à bec commune et l’épaulard. Parmi ces trois espèces, seuls les cachalots effectuent une migration saisonnière annuelle, et seuls les mâles s’aventurent dans nos eaux. Les baleines à bec communes et les épaulards ne procèdent pas, eux, à des migrations saisonnières nord-sud, et réalisent des mouvements régionaux complexes et difficiles à prévoir.